C’est avec beaucoup de joie et beaucoup de fierté que j’accueille cette distinction.
A travers moi, c’est Djibouti tout en entier et sa population que vous venez d’honorer. Je tiens donc tout d’abord Monsieur Le Président, au nom du peuple Djiboutien, à vous remercier personnellement aussi bien que l’académie que vous dirigez pour cette marque de confiance et d’estime que vous nous témoignez.
Cette distinction Monsieur Le Président, aussi méritoire qu’elle soit, nous la prenons ni comme une consécration, ni comme une récompense. Mais comme un encouragement. Un encouragement à persévérer sur la voie que nous nous sommes tracée dans le développement du tourisme.
C’est toujours gratifiant de se voir soutenu dans ses efforts, surtout par une institution comme la votre qui a toujours défendu une vision du tourisme et de la culture centrée sur l’humain.
Mesdames et messieurs
Il y a différentes façons de définir et de percevoir Djibouti et son peuple.
Certains parlent de nous comme d’un caillou au milieu du désert. D’autres, sans doute nostalgiques d’une époque coloniale pourtant révolue, nous réduisent à une pancarte sur laquelle est écrite « Territoire des Afars et des Issas ».
Les plus innovants nous identifient à une base géostratégique pour les puissances militaires.
Mais heureusement pour nous, Mesdames et messieurs, il se trouve encore beaucoup de personnes de par le monde qui ne nous réduisent pas à ces clichés et à ces étiquettes anachroniques.
Pour nous et pour tous ces citoyens du Monde qui ont eu l’occasion de séjourner dans notre pays, Djibouti, c’est cette terre de rencontres et d’échanges aux confluents de toutes les routes, maritimes, terrestres et aériennes.
Pour nous et pour tous ces citoyens du Monde, Djibouti c’est une histoire et même une préhistoire que la géologie, la géographie et l’archéologie ne cessent de raconter à travers les temps et les âges.
Ceux qui se sont émerveillés devant la beauté primitive du Lac Abbé, ceux qui ont accompagné une caravane sur la banquise du Lac Assal, ceux là ont le ressenti de ce qu’est Djibouti. Et c’est sans doute parce qu’ils ont ressenti cette magie d’un espace envoutant que Tazief et Rimbaud ont parlé en leur temps « d’un livre de géologie à ciel ouvert » et « d’un paysage lunaire ».
Monsieur le Président, mesdames et messieurs
Nous nous réjouissons donc aujourd’hui de cette reconnaissance internationale de notre pays comme « Capitale mondiale de la Culture et du Tourisme ».
Notre pays renferme des sites qui valent bien des détours. J’ai cité tout à l’heure le Lac Assal et le Lac Abbé, mais j’aurai pu citer les fresques préhistoriques d’Abourma ou encore la forêt primaire du Day.
Je pourrais citer aussi l’extraordinaire biodiversité de notre flore et de notre faune qui comprend des espèces endémiques comme le Francolin de Djibouti ou la gazelle Beira.
Je pourrais également mentionner l’extraordinaire richesse culturelle de nos communautés. Ces nomades enracinés dans leurs territoires. Mais aussi ces citoyens qui sont les fruits d’un melting-pot historique, et qui fait de Djibouti un havre de tolérance et du vivre-ensemble.
Monsieur le Président, mesdames et messieurs,
Dans notre stratégie de développement de notre pays, nous sommes très sensibles au bienfait du tourisme, à son impact sur la croissance, à son rôle dans la lutte contre la pauvreté. En une décennie et grâce à tous les efforts engagés pour augmenter son attractivité, notre pays a plus que quadruplé la proportion des touristes.
Naturellement, le Gouvernement encourage cette dynamique créatrice d’emplois pour nos jeunes et génératrice de devises pour notre économie. A tel point que nous n’avons pas hésité à ériger l’industrie touristique comme un des piliers économiques de la vision 2035.
Dans la compétition mondiale effrénée qui anime le secteur du tourisme, nous voulons rester lucides pour éviter de tomber dans certains écueils. Nous ne voulons pas sacrifier au tout-tourisme des territoires et des écosystèmes que nous savons fragiles.
Nous ne souhaitons pas bâtir ce secteur encore bourgeonnant sur un modèle économique qui pille et torpille l’équilibre écologique des territoires et des populations.
Face aux promesses court-termistes et consuméristes d’une industrie touristique qui souvent dégrade, pollue et détruit, nous voulons sortir du piège manichéen du tout-tourisme ou son contraire, pour une solution responsable qui intègre l’industrie touristique dans un schéma de développement durable.
Djibouti a fait le choix d’un tourisme de niche, qui met en relation les individus, les cultures et les civilisations. Le choix d’un tourisme qui a un rôle important à jouer dans le dialogue des cultures et dans le vivre ensemble. Le choix de l’équilibre entre nos objectifs de développement et l’indispensable protection de nos patrimoines sociaux, culturels et environnementaux.
C’est un choix difficile dont les dividendes, bien que prometteuses, sont pour l’heure encore maigres. Mais un choix que mon pays assume par devoir d’équité et de justice vis-à-vis des générations futures de notre pays.
Je vous remercie de votre attention