Louange à Dieu que la paix et la bénédiction soient sur le Prophète, sa Famille et ses Compagnons,
Excellence Mr le Président du Forum du MAEP,
Excellences, Messieurs les Chefs d’Etats et de Gouvernements,
Excellence Mr le Président du Panel des Eminentes Personnalités ,
Excellences Les Membres du Panel des Eminentes Personnalités du MAEP,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, avant toute chose, exprimer notre solidarité et soutien indéfectible à tous les peuples et pays victimes de la barbarie du terrorisme international qui ensanglante et déstabilise notre continent.
Au nom du Gouvernement et du Peuple Djiboutien, je souhaiterais plus particulièrement, présenter nos condoléances à nos frères de la Somalie, du Kenya, du Burkina Faso et de la Tunisie qui ont tout récemment été frappés par des attaques terroristes ignobles .
Monsieur le Président,
C’est avec un immense plaisir que j’ai l’honneur de partager avec vous les observations et éclaircissements de mon pays sur le rapport établi par la mission d’évaluation.
Le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs, auquel mon pays a décidé d’adhérer depuis juillet 2007, est le fruit d’une réflexion innovante d’auto évaluation de l’Afrique sur sa gouvernance.
Cette adhésion marque, ainsi, notre engagement à se soumettre à votre examen, engagement qui s’est concrétisé par :
- La mise en place de structures nationales, notamment le secretariat
- La production du Rapport d’Auto-évaluation et du Plan d’Action National
- et enfin la visite de la Mission d’Evaluation Pays à Djibouti
A cet égard, j’exprime, toute ma gratitude et mes sincères remerciements à la Mission d’Evaluation conduite par l’Honorable Joseph Tsang Mang King, au panel et au secrétariat du Maep ainsi qu’aux partenaires stratégiques pour leurs nombreuses contributions et leur soutien dans la production du rapport d’évaluation qui est devant vous aujourd’hui.
Monsieur le Président,
La République de Djibouti accède à la souveraineté et rejoint les Nations libres le 27 juin 1977 dans un contexte national préoccupant caractérisé par une situation politique interne très difficile.
La politique générale de l’Etat naissant devient, par conséquent, la construction et le maintien de l’unité nationale en faveur de la sécurité, de la paix et de la cohésion sociale, d’où le choix de notre devise Unité, Egalité, Paix.
Fidèle à sa politique de diviser pour mieux régner, la puissance coloniale a utilisé « le facteur ethnique » afin de remettre en péril la dignité retrouvée de notre population qui devient désormais « le peuple Djiboutien ».
Face à ce défi, la priorité de l’Etat fut de poser les jalons de l’Unité Nationale, condition sine qua non pour l’édification de la Nation Djiboutienne. C’est dans cette optique qu’a été crée le Parti Rassemblement Populaire Pour le Progrès (R.P.P) au sein duquel se sont regroupées toutes les sensibilités politiques du pays, l’objectif de ce mouvement étant de consolider l’Unité Nationale, de poser les bases institutionnelles de l’Etat et de faire participer toutes les communautés à la gestion des Affaires publiques.
La deuxième étape fut celle de la consolidation de la paix et de la Démocratie d’autant plus que le pays venait de sortir d’un conflit interne qui a engendré une situation économique et sociale très difficile.
Pour ce faire, une nouvelle Constitution, qui instaure un régime de séparation strict des pouvoirs, a été adoptée par référendum en septembre 1992.
Dans le préambule de sa constitution, le peuple Djiboutien affirme sa détermination à établir un Etat de Droit et de Démocratie pluraliste garantissant le plein épanouissement, les libertés et droits individuels et collectifs ainsi que le développement harmonieux de la Communauté Nationale.
Vous comprendrez, Chers Frères et Sœurs, que ces principes, ont guidé et guident toujours l’action des gouvernements qui se sont succédés.
Pour mettre en œuvre ces principes constitutionnels, il a fallu promulguer des textes juridiques adaptés au contexte national, qui constitue désormais la ligne de conduite des Institutions de l’Etat et le fondement de toute action politique. Ces principes ne pouvaient produire des effets dans le contexte national de conflit interne qu’a connu le pays sans sceller une paix durable. C’était tout le sens du dialogue engagé entre les différentes parties sans aucune intervention extérieure et en conformité avec nos valeurs traditionnelles ancestrales de règlement des conflits.
Cette paix retrouvée a été propice à la première alternance politique intervenue en 1999 avec l’organisation de 2ème élections libres, pluralistes et transparentes auxquelles ont pris part plusieurs candidats.
Dès mon premier mandat, je me suis engagé auprès du peuple djiboutien à remettre le pays au travail pour :
• Le renforcement de l’Unité et de la Paix.
•Le renforcement de l’Indépendance Nationale par l’adoption d’une politique axée sur la modernisation des institutions pour lutter efficacement contre la pauvreté de toute nature y compris la pauvreté intellectuelle.
• La diversification de nos relations et partenaires économiques pour un meilleur renforcement du développement économique et social.
• La contribution à la gestion des grands défis auxquels est confronté la Communauté Internationale, notamment la participation de Djibouti aux forces de maintien de la paix aux niveaux régional et international, la lutte contre le terrorisme et la piraterie pour ne citer que ceux là.
La politique du gouvernement est, depuis, guidée par ces principes dont les résultats sont, aujourd’hui, tangibles dans tous les domaines.
Dans le domaine de la Démocratie et la Gouvernance Politique
Dès 1992, le peuple djiboutien a opté pour un système politique pluraliste ; limité à 4 partis dans un premier temps, notre système politique a évolué vers un multipartisme intégral en 2002 conformément à la législation en la matière. Cette ouverture démocratique s’est traduite par une augmentation très significative de nombre de partis politiques, régulièrement institué.
C’est ainsi que, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, des élections locales sont organisées en 2006 ; cette date historique marque une étape importante et décisive dans l’enracinement du processus de décentralisation de notre pays.
L’engouement et l’intérêt suscité par ces élections auprès de la population ont marqué tous les esprits. La participation des candidats indépendants non affiliés pour les élections locales et présidentielles des partis politiques, le non cumul des mandats, un quota obligation en faveur des femmes, le type de système électoral retenu (proportionnel)etc .. . ont grandement contribué à l’enracinement de la démocratie.
D’ailleurs, il y a lieu de noter qu’une liste issue de la société civile a gagné en 2006 les élections locales notamment dans 2 communes de la capitale. Le même mode de scrutin proportionnel, qui a permis à la société civile de participer à la gestion des affaires publique, a, également, été appliqué pour les élections législatives de 2013, d’ou l’entrée de l’opposition à l’Assemblée Nationale.
Pour renforcer la gouvernance démocratique, il nous a fallu mettre en place des institutions fortes contribuant à la consolidation de l’Etat de droit notamment :
- La Médiature de la République en 1999
- La chambre des comptes et de discipline budgétaire en 2001, qui est devenue la Cour de compte en 2008
- L’Inspection Générale de l’Etat en 2001
- Le Tribunal Administratif compétent pour juger les conflits en administration et administrés en 2009.
- La Commission Nationale des Droits de l’Homme en 2008
- La Commission Nationale de Prévention et de lutte contre la corruption
Des réformes juridiques importantes ont également vu le jour telles que :
- L’adoption du code de la famille,
- La mise en place de la politique nationale du genre,
- La loi instituant le quota genre
Monsieur le Président,
Une vie politique démocratique sans décentralisation ne peut que s’avérer incomplète. L’expérience nous a montré que si l’Etat ne se décharge pas de certaines fonctions au profit des autorités locales, toute action perdrait de son efficacité.
Pour répondre à ce défi, il est mis en place un cadre juridique permettant à tous nos concitoyens de prendre part à la gestion des affaires publiques. Ceci s’est traduit par la mise en place dans toutes les régions des autorités territoriales issues des élections.
Comme la Mission d’Evaluation a constaté sur le terrain, l’implication des forces vives de la Nation dans le débat politique au sein des conseils régionaux et municipaux ainsi que la liberté d’organisation reconnue à tous, et plus particulièrement aux femmes, aux jeunes et aux divers groupes de la société civile, sont autant des manifestations de la démocratie dans mon pays.
Monsieur le Président,
Seul un individu éduqué, en bonne santé et jouissant de tous ses droits civils et politiques peut faire rayonner la démocratie dans tous ses aspects.
C’est dans cet esprit que nous avons organisé les états généraux de l’éducation qui nous ont conduits à réformer en profondeur notre système éducatif en introduisant le Droit à l’Ecole Républicaine Gratuite et Obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans pour tous en promulguant une loi d’orientation du système. Par ailleurs, les recommandations issues de ces assises ont permis la création de l’Université Djiboutienne qui dispose de plusieurs facultés dont une faculté de médecine.
Nous avons également entrepris une réforme du secteur de la santé qui a débouché sur la décentralisation et le développement des infrastructures sanitaires, la mise en place de programmes spécifiques pour la santé de la mère et de l’enfant, la mise en place de programmes de lutte contre les maladies transmissibles, le développement des ressources humaines, l’accès aux médicaments et enfin la mise en place d’une assurance maladie universelle.
Concernant la justice, l’organisation des états généraux ont abouti à l’édification d’un système judiciaire efficace et efficient au service du développement avec un personnel suffisamment formé, ayant un statut particulier protecteur, assurant ainsi pleinement l’indépendance de juge.
Pour davantage de justice et face aux préjugés et disparité genre, nous avons mené une politique volontariste en faveurs de la femme à travers la stratégie nationale de son intégration dans le développement qui vise à accélérer son insertion des femmes dans le tissu politique et socio-économique.
Dans le domaine de la Gouvernance économique et financière
Avec la mise en place du programme de réformes institutionnelles, nous avons voulu jeter les bases d’une économie fiable, durable et bénéfique à l’ensemble de la population Djiboutienne.
Notre premier objectif a, donc, été d’investir afin de moderniser les infrastructures économiques et positionner ainsi notre pays comme hub logistique, commercial et financier.
Tous ces efforts conjugués ont permis la maitrise des dépenses publiques et un meilleur recouvrement des recettes budgétaires. Ils ont aussi engendré une croissance économique soutenue, pendant plus d’une décennie, passant d’une croissante négative à une croissance moyenne de 5 %.
Néanmoins, Excellences, nos efforts, dans tous les domaines, n’ont pas été suffisants pour réduire drastiquement les taux de chômage et de pauvreté notamment chez les jeunes et les femmes en général, et plus particulièrement, ceux vivant dans les zones rurales.
Face aux défis et aux enjeux majeurs que nous partageons avec l’ensemble des pays de notre continent, mon gouvernement a formulé une nouvelle vision appelée « Vision, Djibouti 2035 qui constitue une Nouvelle Approche de Développement Économique et Sociale à long terme (20 ans).
Cette vision, qui a fait l’objet d’une large consultation nationale et traduit les aspirations de toutes les couches de la société Djiboutienne, ne se limite pas seulement aux aspects économiques et financiers, mais elle couvre aussi les aspects sociétaux, environnementaux, culturels, sociologiques, politiques et de gouvernances.
Elle trace désormais le cadre de référence des actions futures orientées sur la consolidation de la paix et de l’unité nationale, le renforcement des acquis de la bonne gouvernance, la diversification de notre économie voulue compétitive avec le secteur privé comme moteur, la valorisation du capital humain et l’accélération de l’intégration régionale.
Les transformations attendues permettront de tripler le revenu par habitant, de réduire considérablement le taux de chômage en le ramenant à 10% en 2035 et de créer des zones économiques spéciales dans chaque région.
Monsieur le Président ,
Cette vision que nous avons de notre pays et qui consiste à en faire le phare de la Mer Rouge, nous l’avons partagé avec la mission du MAEP qui a sillonné la République de Djibouti et qui, à l’instar de mon gouvernement, a, à juste titre, identifié les défis auxquels mon pays fait face. Par nos acquis et nos différents programmes, nous continuerons à apporter des solutions endogènes aux questions qui peuvent rester pendantes, et cela tout au long des rencontres qui marqueront les étapes du processus du Maep.
Notre ambition est de construire notre pays sur la base d’une approche participative et d’un consensus national.
Notre ambition est de construire une République qui rassemble toutes les Djiboutiennes et tous les Djiboutiens sur ses propres valeurs comme sur nos valeurs africaines, c’est à dire des valeurs de démocratie, de dialogue, de cohésion nationales et de solidarité.
Je vous remercie de votre attention.