Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Mesdames et Messieurs,
Comme chaque année, c’est pour moi un plaisir ineffable de célébrer avec l’ensemble de nos sœurs Djiboutiennes cette journée qui est leur dédiée.
En sus de la nécessaire reconnaissance de la Nation à l’égard de celles qui constituent la moitié de sa force vive, cette journée demeure une vibrante manifestation pour que l’hommage qui leur est, si justement rendu, ne soit pas un simple « vol au-dessus d’un nid d’injustices ».Car bien que, ces dernières décennies, la condition féminine ait beaucoup évolué, malheureusement, les injustices faites aux femmes perdurent et restent encore trop nombreuses.
Partout dans le monde, du Nord au Sud, dans les villes et dans les espaces ruraux, les femmes portent des revendications lourdes et parfois existentielles. Certaines se battent pour l’égalité, d’autres pour vivre libres tandis que d’autres encore, dans des sociétés où c’est une malédiction de naître fille, pour le droit d’exister.
La mobilisation est, donc, de rigueur afin de manifester contre les ultimes tentacules qui cherchent à les maintenir enfermées toujours dans un univers obscurantiste, rétrograde, dans un monde de douleur et de souffrance et qui portent atteinte à leur dignité.
Aussi, la cause féminine est un combat pour la justice car elle porte sur des valeurs universelles de liberté, d’égalité et de dignité. Des valeurs qui doivent rassembler au nom de l’humanité et transcender les préjugés et les clivages hommes-femmes.
Aujourd’hui, je voudrais souhaiter bonne fête à toutes les femmes dans le monde mais aussi pouvoir dire « bonne fête des femmes à tous les hommes ». Car, dans le quotidien, c’est toute la société qui tire bénéfice de l’action de sa gente féminine.
Preuve en est, le mérite incontestable des femmes Djiboutiennes dans la lutte pour notre indépendance dont elles ont été le fer de lance.
Des joies de cette libération, nos consœurs ont puisé la force d’être désormais audible, d’être leur propre porte-paroles sur les questions qu’elles ont jugé elles-mêmes importantes et qui ont été synonymes de progrès social.
Aujourd’hui, elles sont visibles.
On peut voir des femmes accéder à des sphères professionnelles traditionnellement réservées aux hommes comme occuper un poste ministériel, devenir ambassadeur et tout récemment conduire une liste électorale d’un mouvement politique majeur.
C’est une avancée certes notable en matière d’égalité, d’émancipation. Cependant, le drame, selon moi, c’est que cela reste perçu, par le plus grand nombre, y compris des femmes elles-mêmes comme une exception ! On parlera plus facilement de politique de quota, un passe-droit consenti aux femmes plutôt que d'une réelle reconnaissance de l’égalité femme-homme.
Ce ressenti alimente ma frustration et celle de chacune de ces femmes qui se jugent aussi bien qualifiée sinon plus que leurs confrères masculins et a qui, la société déni leur mérite.
Mon souhait le plus cher serait que, dans un avenir très proche, la promotion ou la réussite professionnelle d’une femme ne suscite pas l’étonnement mais plutôt l’admiration ou à défaut, l’indifférence et qu’à nos yeux, la femme soit prise pour ce qu’elle est, c’est-à-dire « un Homme comme un autre ».
Pour y arriver, nous devrons passer par un examen des consciences, nous pencher sur les facteurs qui empêchent l’ascension de la femme dans nos sociétés. Nous devrons examiner, sans concession, ces entraves insidieuses et ces préjugés ancrés si profondément en chacun de nous pour en contester l’ineptie !
En effet, dans le monde d’aujourd’hui, plus que jamaiscompétitif, se priver de la force de travail et de la contribution des femmes est un non-sens dangereux et inepte.
Une société qui discrimine est une société qui se condamne à l’inertie. En effet, au-delà de l’argument moral, il est prouvé que plus il y a de femmes qui travaillent plus une société est prospère.
Selon la Banque Mondiale, si tous les freins qui empêchent les femmes de travailler étaient levés, la productivité mondiale augmenterait de 40% ! De la même manière, selon une étude de Goldman Sachs, réduire l'écart entre les sexes en matière d'emploi pourrait augmenter le revenu par habitant de plus de 14% d'ici 2020 et jusqu'à 20% d'ici 2030. Et c'est une richesse dont nous ne pouvons nous passer.
Mesdames et Messieurs,
Du rôle que notre société assignera à la femme dépendra de sa survie économique et sociale, de sa place dans la compétition mondiale. Cela dépendra du degré de réalité que nous vous voudrons donner à certaines valeurs inscrites au fonton de la République comme l’égalité.
L’égalité réelle,qui avant tout l’égalité d’opportunités : qu’à ambition égale, un homme et une femme ont une chance égale. Et je ne parle pas d’accès mais surtout de la chance de faire valoir ses idées, sans pour autant souffrir de la culpabilité que nos sociétés placent sur la femme, sans avoir à faire des sacrifices qui ne seraient nullement requis d’un homme.
L’égalité réelle, c’est également de respecter le choix de la femme, quel qu’il soit, de faire qu’il soit tout autant valide que celui de l’homme. C’est respecter son opinion, c’est comprendre que celle-ci est aussi valable que celle d’un homme.
Il s'agit là d'un travail de longue haleine que nous devons faire ensemble, un engagement que nous devons prendre, ensemble, d’opérer l’aggiornamento et les réformes nécessaires, dans le respect et l’ouverture pour qu'enfin, être une jeune fille dans notre société ne soit plus synonyme de lutte mais plutôt d'épanouissement. Pour qu'être une femme ne soit plus synonyme de sacrifice mais d'accomplissement!
Vive la Femme Djiboutienne!
Bonne fête à toutes et à tous
Je vous remercie